THE 7 DEADLY SINS
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 when art meets craziness. - gemma -

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Nathaniel L. Prince

Nathaniel L. Prince


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MessageSujet: when art meets craziness. - gemma -   when art meets craziness.   -  gemma  - EmptyMar 14 Avr - 21:35

    Rollin'.





    Il y avait cette fille. Elle revenait ; encore, et encore. Nathaniel aurait bien aimé être capable de se concentrer sur la paperasse qui l'attendait sur son bureau, dans l'autre partie du musée, mais il n'y parvenait pas. La silhouette indistincte de l'inconnue l'obsédait, sa présence, chaque jour, à la même heure, devant la même oeuvre, le fascinait. Et le pire, c'est qu'elle semblait absolument indifférente à son regard : il pouvait la fixer pendant des heures sans qu'elle se retourne. Drôle de phénomène ; inhabituel, en tout cas. On était lundi matin ; le dimanche, elle n'était pas venue, et le jeune homme avait eu l'impression de mourir, des hauts-le-coeur pendant une partie de la soirée, des nausées, puis une migraine vers l'aube. Tout cela pour une inconnue ? Peut-être, mais il haïssait ce qui l'avait arrêté dans son élan. Il voulait lui parler, alors pourquoi les mots ne sortaient-ils pas de sa bouche ? Et voilà les questions qu'il se posait, à nouveau, pour la millième fois, en la regardant de l'autre côté de la pièce, toujours devant la même oeuvre.

    Il prit une grande inspiration, avança lentement jusqu'à l'endroit où elle était, avec la précaution que l'on prend pour ne pas faire fuir une créature craintive. Une fois arrivé, il ne sut plus quoi faire. Il s'était attendu à ce qu'elle se retourne, à ce qu'elle le regarde, mais elle semblait ne même pas avoir remarqué son approche. Elle continuait de regarder l'oeuvre. Il ne savait pas si elle la voyait vraiment ou si elle pensait simplement à autre chose. Mais pourquoi venir ici, tout le temps, si ça n'était que pour penser à autre chose ? Il attrapa à nouveau une bouffée d'oxygène. Parle, mon bon vieux Nathaniel ; parle.

    - Excusez-moi.

    Enfin ! il la voyait de face ; enfin, elle s'était tournée vers lui ; enfin, il croisait son regard. Comme ces pensées le traversaient, il se trouva incapable de prononcer d'autres mots pendant un certain temps, interloqué, observateur, heureux, inquiet, tout à la fois. Sa main se crispa sur la poche de son pantalon et puis il reprit :

    - Je me demandais si vous vouliez que je vous fasse une visite du reste du musée. Il n'y a pas que cette oeuvre qui vaut le coup, vous savez.

    Il la vouvoyait, naturellement. Nathaniel était un homme de respect et de politesse. Mais est-ce que cela allait suffir pour convaincre l'inconnue ?
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Gemma B.S. Yoo

Gemma B.S. Yoo


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MessageSujet: Re: when art meets craziness. - gemma -   when art meets craziness.   -  gemma  - EmptyMer 15 Avr - 11:43







    Il était beau ce tableau, on aurait dit que chaque élément dessiné était réel. Ce n'était qu'un tableau banal, trop banal vous diraient les autres. Les perles rares ont déjà été volées et il n'y a plus rien à admirer dans ce bas monde, continueraient-ils avant de repartir, pressés. Et pourtant, elle, elle était là, à le découper en quatre puis à le coller, à le découper à nouveau, en huit, puis à le recoller d'une autre manière – et tout ça, mentalement. C'était fort de se souvenir exactement de chaque trait de la peinture, de se souvenir exactement de l'endroit où il avait été tranché, puis de le tourner et de le retourner, encore et encore.

    Les vigiles et les personnes à l'accueil s'étaient habitués à son visage rêveur et à ses yeux, tout aussi abstrait. Après tout, elle était leur gagne-pain, ils n'avaient pas vraiment le choix. Puis elle venait toujours voir ce beau tableau. Il n'y avait rien dessus, rien de très spécial. Pas de paysage, pas de femme qui brandissait joyeusement un drapeau, pas un homme qui embrassait langoureusement sa bien aimée, son regard planté dans le sien. Non, rien de tout ça, juste un moineau, les ailes déployées vers la liberté. Et pourtant, c'était seulement à lui que venait rendre visite à Gemma, qui était certaine que c'était ce tableau-là, c'était ce tableau-là et non un autre qu'elle devait venir contempler, et pas un autre, pour une raison qui lui était méconnue – l'instinct féminin en réalité.

    Gemma était donc assise sur ce banc en fer, à fixer cet oiseau. Elle observa furtivement son ticket, qui affichait, comme d'habitude, quatorze heures trente. C'était toujours à cette heure-ci qu'elle arrivait au musée, sans une minute de retard. Elle avait décidé que ce jour serait le dernier, et qu'après, elle ne reviendrait plus, puisqu'elle avait quasiment finit d'inspecter ainsi la peinture.
      Excusez-moi.


    La jeune femme tourna lentement sa tête vers celui qui venait de l'interpeler. Elle ne faisait pas réellement attention à lui, en faite, elle se demandait si c'était réellement à elle qu'il s'adressait. Et après quelques petites réflexions, Gemma comprit que c'était vraiment à elle qu'il parlait.
      Je me demandais si vous vouliez que je vous fasse une visite du reste du musée. Il n'y a pas que cette oeuvre qui vaut le coup, vous savez.


    Gems pencha légèrement sa tête sur le côté, songeuse. Pourquoi pas ? Il devait mieux connaître le musée qu'elle, il devait avoir raison. A moins qu'il ait pitié qu'elle vienne voir chaque jour la même œuvre, toujours à quatorze heure trente. Elle se leva et répondit d'une voix légère et douce :
      Si vous le dites. Je vous suis.


    Elle lui adressa un sourire.
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Nathaniel L. Prince

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MessageSujet: Re: when art meets craziness. - gemma -   when art meets craziness.   -  gemma  - EmptyMer 15 Avr - 17:38

    Rollin'.






    - Si vous le dites. Je vous suis.
    - Hm ?

    Nathaniel n'avait pu s'empêcher de répondre par une onomatopée de surprise. Il n'avait pas cru possible qu'elle réponde oui ; toutes les possibilités lui avaient traversé l'esprit, vraiment, depuis un refus de la tête à un éclat de rire en passant par une disparition mystérieuse, une fuite en courant, un regard de mépris : tout, sauf un oui. Il se força à remettre de l'air dans ses poumons avant de hocher de la tête, frénétiquement, une ou deux fois. Gentil, mais un peu l'air d'un benêt sorti d'un dessin animé, tout de même. Espérant qu'elle allait lui donner le bénéfice du doute, il s'éclaircit la gorge et commença à traverser le couloir. Un regard en arrière lui assura qu'elle le suivait ; six secondes - six très, très longues secondes - plus tard, ils étaient dans une autre salle (il fallait l'extraire de la salle du moineau, se disait-il). Il hésita entre plusieurs tableaux et finit par l'amener devant celui qui l'avait le plus intrigué quand il était venu pour la première fois dans le musée.

    - D'après vous, qu'est-ce que c'est ?

    Il avait mis sa main sur le titre du tableau. Et pour cause : le tableau était vide. Il n'y avait même pas de cadre, c'était simplement une toile entièrement blanche. On aurait dit qu'elle narguait les visiteurs qui souvent éclataient de rire ou la fixaient, attendant sans doute que quelque chose se passe, qu'une couleur se révèle, qu'un dessin apparaisse. Autant vous dire que rien n'apparaissait jamais. Mais la fille à qui Nathaniel avait proposé de faire visiter le musée n'avait pas l'air de quelqu'un de totalement normal, cadré, et c'était sans doute aux gens comme cela qu'un tableau blanc parlait. Alors il attendait, espérant qu'elle ne se moquerait pas. Il sentit soudain l'envie de préciser quelque chose et ne put empêcher ses lèvres de s'ouvrir à nouveau :

    - Je ne vous demande pas ce que vous pensez que l'artiste a voulu représenter, mais ce que vous voyez.

    Il aurait pu continuer à parler - l'effet de l'angoisse, sans doute - mais ne voulait pas complètement se discréditer auprès de la jeune femme. Alors il prit son mal en patience et la laissa observer.
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Gemma B.S. Yoo

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MessageSujet: Re: when art meets craziness. - gemma -   when art meets craziness.   -  gemma  - EmptyMer 15 Avr - 18:57






    Ce tableau-là aussi était très beau. Tout blanc. Et pourtant, il était facile de discerner chaque coup de pinceau du peintre, ou plus exactement, de les imaginer. L'homme lui avait demandé ce qu'elle voyait, elle. Vraiment ? Il voulait vraiment savoir ? Ça faisait longtemps que plus personne ne semblait songer à son avis, ça lui donnait un sentiment étrange, de savoir que quelqu'un se souciait de ce qu'elle pensait. Elle chassa rapidement cette réflexion de sa tête puis se concentra sur le tableau, oubliant tout ce qui l'entourait.

    Gemma y voyait un funambule. Réellement, elle ne plaisantait pas. Ce danseur de corde semblait prendre route vers le paradis, sur un fil invisible. Il cherchait l'équilibre, les bras tendus, comme un oiseau. Encore un oiseau. L'équilibriste ne regardait pas le sol, non, au contraire, il regardait droit devant lui, son regard déterminé mais aussi rêveur et songeur – et même si il était de dos, Gems arrivait à tout deviner. Son dos était légèrement recroquevillé, donnant l'impression qu'il rentrait sa tête dans ses épaules. Il portait des vêtements foncés, une chemise bleue marine ainsi qu'un court gilet noir sans manches et un pantalon gris chiné. Il était beau, avec ses cheveux courts blonds foncés, et ses yeux verts. On aurait dit un ange. D'ailleurs, des ailes, quasiment transparentes, commençaient à apparaître sur le tableau. C'était magique.
      Je vois... Un ange qui s'apprête à s'envoler vers... D'ailleurs, il vient de quitter le sol, il y a juste un instant, et il s'éloigne, il s'éloigne, loin... Loin... Vous le voyez, vous aussi ?


    Non, il ne le verrait pas. Gemma savait parfaitement qu'il ne le verrait pas – un peu trop tard, car elle se sentit idiote après avoir réalisé la question qui avait glissé entre ses lèvres. C'était normal, personne ne voyait jamais ce qu'elle voyait. C'était elle la folle, c'était elle la dérangée, jamais les autres, toujours elle. C'était pour ça que son père l'avait envoyé voir M. Mercury, qu'il avait consulté antérieurement pour avoir le malheur de découvrir qu'il avait été touché par un de ces pêchés capitaux. C'était pour ça que son père l'avait envoyé voir M. Mercury, pour s'assurer qu'il n'était pas seul dans son cas – c'est plus rassurant quand on est deux. Peut-être était-ce la faute à Pas-de-Chance, mais Gemma, elle, était du bon côté, comme l'avait précisé le docteur.

    Pendant ces petites réflexions internes, Gemma avait longuement fixé le tableau, sans perdre son air pensif et absorbé, comme pour découvrir de nouveaux secrets, de nouveaux trésors. De plus, l'ange avait disparu. Le funambule ? Envolé. Elle n'y voyait plus qu'une tache, énorme, un gigantesque coup de pinceau, de couleur rouge sang. Son imagination allait trop loin. Il fallait que ça cesse. Elle passa rapidement donc sa main devant ses yeux – comme si ça allait tout calmer : ses extravagantes illusions ainsi que sa fureur soudaine qui elle, s'évanouit instantanément – puis souffla discrètement, comme si elle était le vent, qui poussait les voiles d'un bâteau, pour qu'il ne revienne plus jamais – et pourtant, il reviendrait. Ensuite, elle eut le plaisir de reporter, entièrement cette fois-ci, son attention sur le jeune homme à qui elle sourit.
      Vous disiez ?


    Comme tu es chouette, Gemma...
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Nathaniel L. Prince

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MessageSujet: Re: when art meets craziness. - gemma -   when art meets craziness.   -  gemma  - EmptyJeu 16 Avr - 13:39

    Rollin'.





    Le tableau était d'une blancheur désespérante. Il évoquait à certains les questions existentielles, métaphysiques, terriblement angoissantes, qui ne leur venait qu'en temps de crise ou de solitude. Il évoquait à d'autres la pureté paradisiaque ou divine. Devant les yeux de Nathaniel, cependant, elle n'avait jamais eu d'autre signification que le retour à la patrie - sens peut-être hérité du goût pour le blanc que manifestait sa mère, comme il l'avait découvert depuis son arrivée à Londres. Pourtant, il avait eu le pressentiment, en amenant l'inconnue devant la toile, que tout cela allait changer aujourd'hui. Et son instinct l'avait bien guidé : dès qu'elle eût reçue sa question, elle devint étrange, différente, et commença à parler avec très peu de réserve, comme malgré elle :

    - Je vois... Un ange qui s'apprête à s'envoler vers... D'ailleurs, il vient de quitter le sol, il y a juste un instant, et il s'éloigne, il s'éloigne, loin... Loin... Vous le voyez, vous aussi ?

    Absorbé par son visage, il n'avait prêté attention au tableau pendant un certain temps, jusqu'à ce qu'elle prononce le mot
    ange. Sans doute lui fit-il penser à Isia ; toujours est-il qu'il se tourna vivement vers la toile. Elle n'était plus blanche. Aussi incroyable que cela puisse paraître, elle n'était plus blanche ! Il y avait un funambule. Un funambule se déplaçait sur la toile. Nathaniel ferma les yeux, les rouvrit. Mais c'était toujours là. Jusqu'à ce que, peu à peu, tout disparaisse. Inexplicablement. Où est-ce que ça partait ?

    - Tu disais ?
    - Hm ?

    Nathaniel avait du mal à détourner son regard du tableau. Il ne parvenait pas à croire ce qu'il venait de se produire mais surtout il ne pouvait comprendre pourquoi ça s'était arrêté. Alors, brusquement, il se tourna vers Gemma, cherchant à comprendre le phénomène surnaturel. En vain. Il vit cependant sur le visage de celle-ci qu'elle n'était pas simplement une autiste venant voir chaque jour le même tableau. En réalité, ç'avait été évident, depuis le début. Elle était différente et maintenant, Nathaniel réalisait simplement à quel point elle l'était. Ce qui l'interloquait, en réalité, c'était de réaliser qu'il l'était aussi. Etait-ce contagieux ? Ou était-il simplement prédisposé à recevoir ce que les autres montraient par leurs mots ? Il ne sut que dire pendant encore trois longues minutes. Jusqu'à ce que :

    - Je ne me sens pas très bien. Tu ne veux pas sortir ? Il y a - il y a un café à l'entrée du musée, il fait partie du musée en réalité ; bref, ce que j'essaie de dire, c'est que j'ai besoin d'un remontant, et que j'ai besoin que tu sois là, parce que je pense avoir des questions à te poser.

    Il était perdu. Mais quelque part, une voix lui murmurait qu'elle pourrait le guider, une voix douce, nacrée... angélique.
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Gemma B.S. Yoo

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MessageSujet: Re: when art meets craziness. - gemma -   when art meets craziness.   -  gemma  - EmptyJeu 16 Avr - 16:38






    Et la voilà, comme une cruche, à lui demander de répéter ce qu'il avait dit – ou plutôt, ce qu'il n'avait pas dit. Elle s'en moquait, après tout, durant la moitié de la vie qu'elle avait vécu jusqu'ici, elle avait entendu pire ou fait pire et elle s'était toujours moquée de ce qu'en avaient pensé les autres. Les gens avaient divers avis, et ça ne tuait personne si tout était différent. Tellement différent, comme elle. Comme ce tableau, qu'elle continuait à observer, finalement. L'ange était partit. Il avait bien fait. Il avait eu de la chance de pouvoir s'en aller ainsi, sans regrets. Il avait eu de la chance de pouvoir trouver un échappatoire dans une toile, totalement blanche. Peut-être y en aurait-il un autre, de funambule, à la recherche du paradis éternel ? Et pourtant, à mesure que le temps filait, il n'y eut plus rien. Et malgré tout, Gemma sourit. Le sourire semblait lui venir facilement, ce jour-là.
      Je ne me sens pas très bien. Tu ne veux pas sortir ? Il y a - il y a un café à l'entrée du musée, il fait partie du musée en réalité ; bref, ce que j'essaie de dire, c'est que j'ai besoin d'un remontant, et que j'ai besoin que tu sois là, parce que je pense avoir des questions à te poser.


    Tient, il ne la vouvoyait plus ? Quelle importance finalement ? On aurait cru à un film, dans lequel cet homme était un inspecteur qui s'était déguisé en guide de musée pour l'interroger. L'imagination emportait loin, mais qui pouvait l'en empêcher ? Gemma devinait, en même temps, que le tableau n'avait pas de nom, ou peut-être que si, mais quelque chose du genre « Évasions diverses » ou un titre tout aussi imprécis. Puis, la curiosité ne l'emportait pas sur ces petites futilités, elle accompagna donc l'homme sans un mot, après avoir hôché docilement la tête, jusqu'au café. Et pourtant, elle ignorait totalement pourquoi elle acceptait chacune des invitations de la part de l'employé, ce qu'elle n'aurait certainement pas fait avec une autre personne. Comme un instinct – toujours féminin, vous devinez bien.

    Après s'être installés, près de la fenêtre, Gemma commanda un thé vert. Généralement, quand elle allait dans un pub – ce qu'elle évitait soigneusement de faire – elle se contentait de prendre un thé ou sinon un jus d'orange avec pulpe. Ou sinon, elle partait. Mais à ce café, ils proposaient cette boisson, qu'ils lui servirent quelques instants plus tard, avec ce qu'avait demandé le jeune homme qui lui tenait compagnie. La jeune femme remua longuement le thé avec une cuiller servie avec en regardant le paysage désolant qui s'offrait à eux, à l'extérieur. Les étroites rues sombres et suintantes, des trottoirs qui se mêlaient à la route, les passants qui passaient rapidement, en courant parfois. Puis elle détourna le regard, pour se concentrer sur cet homme à l'indéniable charisme.
      Tu as vu quoi toi, dans ce tableau ?


Dernière édition par Gemma B.S. Yoo le Jeu 16 Avr - 22:09, édité 1 fois
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Nathaniel L. Prince

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MessageSujet: Re: when art meets craziness. - gemma -   when art meets craziness.   -  gemma  - EmptyJeu 16 Avr - 18:03

  • Rollin'.





    - Hm ? Un café, s'il-vous-plaît. Serré, sans sucre.
    - Sans sucre ?

    Il ne l'écoutait déjà plus. La serveuse décida de prendre son silence pour un assentiment et retourna au comptoir où elle prépara les commandes des deux clients fraîchement arrivés. Elle se dit qu'ils avaient l'air étrange, tous les deux, mais haussa les épaules, acheva leurs boissons et les rapporta, avec un professionnalisme cette fois absolu : pas un mot de prononcé et un sourire en déposant les tasses. Cependant, Nathaniel n'était toujours pas en état de le remarquer, pas en état de remarquer les détails. Il prit simplement la tasse brûlante entre ses mains - tasse qui, par ailleurs, ne le brûla pas - et but une ou deux gorgées toujours en état de transe. Avant de soudain redevenir conscient, violemment. C'est sa voix qui l'éveillait. Sa question.

    - Tu as vu quoi, toi, dans ce tableau ?

    Il releva brusquement la tête et plongea son regard dans celui de Gemma. Il fit bien parce que l'étendue colorée des yeux de celle-ci lui permit de mieux respirer, soudainement. Il retrouva un semblant de sérénité et il lui sembla même envisageable d'aligner des mots pour formuler une réponse. La voix avait eu raison : cette fille avait la puissance de le guider.

    - Je - un - le funambule. Ou l'ange. En fait, je crois que - je crois que j'ai vu exactement la même chose que toi. Ne me prends pas pour un dingue, il faut que tu comprennes que j'avais déjà vu cent fois, mille fois ce tableau et que jamais rien n'était apparu. Mais quand tu as commencé à parler, tout à l'heure -

    Il se mit à chuchoter.

    - Eh bien, tout ce que tu disais, devenait - devenait réalité.

    Le silence. Avoir avoué une telle chose aurait pu le mettre hors de lui, le terrifier, le faire fuir, ou s'attendre à ce que l'inconnue pouffe de rire et lui repose la question, mais ce n'est pas ce qui se produisit : il n'avait pas lâché son regard en prononçant ces mots et la sérénité alla en s'amplifiant, de même que la certitude qu'il avait de la réalité de ce qu'il s'était passé. Il n'était pas fou, elle ne l'était pas non plus ; et mieux : elle avait une explication. Elle allait pouvoir lui dire ce qui allait - ou qui n'allait pas, en l'occurrence. Sous la table, de sa main droite, il croisa les doigts. Et avec la main gauche, il but encore deux gorgées. Prêt à écouter l'insoutenable vérité.
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Gemma B.S. Yoo

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MessageSujet: Re: when art meets craziness. - gemma -   when art meets craziness.   -  gemma  - EmptyJeu 16 Avr - 22:19






    Elle but deux gorgées. Les herbes que la serveuse avait utilisé devaient être fraiches, toutes fraîches, car Gemma décela dans sa boisson un parfum différent, vivifiant et pur. Un délice. C'était certainement ce qui attendait l'ange, qui avait rejoint le repos et le bonheur éternel. Gems pensait encore à cet homme, qu'elle avait inventé, ou peut-être pas, d'après les propos de son interlocuteur.
      Je - un - le funambule. Ou l'ange. En fait, je crois que - je crois que j'ai vu exactement la même chose que toi. Ne me prends pas pour un dingue, il faut que tu comprennes que j'avais déjà vu cent fois, mille fois ce tableau et que jamais rien n'était apparu. Mais quand tu as commencé à parler, tout à l'heure... Eh bien, tout ce que tu disais, devenait - devenait réalité.


    C'était de la pure rigolade. En avalant une gorgée, elle faillit s'étrangler en entendant les paroles du jeune homme. Elle était sciée, stupéfaite, sidérée même qu'il se moque ainsi d'elle et pourtant, cela ne se distinguait presque pas sur son visage angélique. Jusqu'ici, Gemma avait été la seule à apercevoir toutes ces choses, ces ombres sans propriétaire qui se glissaient chez elle auxquels elle se contentait de sourire, elle avait été la seule à sentir ces auras qui l'entouraient maladroitement, tels des bras protecteurs. Elle avait toujours la seule à fond dans le trip, persuadée que ce n'était pas son imagination. Alors pourquoi, soudainement, un inconnu lui annonçait qu'il avait vu ce qu'elle avait vu sur la toile ? Était-il délirant ? Gemma oui, elle était emprise d'une folie fatale, son imagination... Ou du moins, c'était ce qu'elle imaginait – encore une fois.
      J'ai toujours été la seule à voir tout ça, ou plutôt, à les imaginer. J'ai toujours été la seule à être traitée de dingo, de folle, de siphonnée, de tout ce que tu veux sauf, sauf de normale. Pourquoi on serait deux tout d'un coup ? Et j'imagine que tu as dit ça pour faire plaisir à une cinglé qui t'as fait pitié ? Et j'imagine aussi que tu sais toi aussi faire voler les objets par le simple regard, que tu sais faire bouger les crayons par ta simple volonté ?


    Elle en avait peut-être un peu trop dit, et d'un ton peut-être un peu trop élevé et violent par rapport à la voix douce et fluide qu'elle avait d'habitude... Et pourtant, elle n'avait pas bougé, elle restait en face du guide.
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Nathaniel L. Prince

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MessageSujet: Re: when art meets craziness. - gemma -   when art meets craziness.   -  gemma  - EmptyVen 17 Avr - 19:16

    Rollin'.






    - J'ai toujours été la seule à voir tout ça, ou plutôt, à les imaginer. J'ai toujours été la seule à être traitée de dingo, de folle, de siphonnée, de tout ce que tu veux sauf, sauf de normale. Pourquoi on serait deux tout d'un coup ? Et j'imagine que tu as dit ça pour faire plaisir à une cinglé qui t'as fait pitié ? Et j'imagine aussi que tu sais toi aussi faire voler les objets par le simple regard, que tu sais faire bouger les crayons par ta simple volonté ?

    C'était au tour de Nathaniel d'être scié. Il avait prononcé sa tirade sur un ton qui semblait convaincu mais dans un état d'incertitude indescriptible. Et maintenant - et maintenant cette fille, cette inconnue, cette silhouette qui l'avait aimanté comme le soleil pour le tournesol, lui confirmait les folies qu'il suggérait. Il aurait aimé être plus vif pour qu'un dialogue intelligent et même peut-être cohérent s'établisse entre eux, mais c'était peine perdue : ce qu'elle venait de dire faisait écho en lui, et soudain, après une vingtaine de secondes de silence, il sursauta. Sa voix, pourtant plutôt que d'être brusque et vive, était étrangement posée, lente. Il se souvenait.

    - Pas d'objets, pas de crayons. Mais - mais des voix. Parfois, quand je ne suis pas sûr de la bonne chose à faire, j'entends quelqu'un qui me parle. Je ne sais pas ce que c'est et j'avais tendance à me dire que c'était un effet de mon imagination mais si tu vois des choses et si - et si tu peux les communiquer à ceux qui sont autour de toi, ça veut dire que peut-être -

    Il s'arrêta soudainement. Eclata de rire. C'était nerveux. Il y avait un moment où le surnaturel devenait trop flagrant et où il y avait deux options : ou bien tu l'acceptes et tu vis avec, en marge de la société, considéré par tous comme quelqu'un de fou - c'était d'ailleurs le cas de l'inconnue que Nathaniel avait devant lui -, ou bien tu le nies en bloc et tu continues à dire que c'est un effet de ton imagination et sur la planète Terre, de telles choses n'existent pas. Et Nathaniel était très, très proche de tomber dans cette tendance tellement tout cela était gros pour lui. Sa nature était bonne, profondément, mais il avait appris que la vérité est difficile à trouver et que même quand on croit l'avoir atteinte, on se trompe souvent. Alors il doutait. Jusqu'à ce qu'il relève les yeux et les plonge dans ceux de Gemma. Enfin. A nouveau, cette même sérénité. A nouveau, cette même confiance. Elle ne mentait pas, lui non plus. Quelque chose se passait et peut-être qu'après tout, c'était quelque chose de bénéfique pour chacun d'entre eux.

    - Tu as dû souffrir. Moi, au moins, je suis avec toi.

    Un silence.

    - Au moment de la découverte, je veux dire.
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Gemma B.S. Yoo

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MessageSujet: Re: when art meets craziness. - gemma -   when art meets craziness.   -  gemma  - EmptyDim 19 Avr - 23:35






    Gemma ne cillait pas. Elle observait le jeune homme – c'était la première fois depuis qu'ils s'étaient rencontrés. Généralement, elle ne s'attardait pas à regarder une personne trop longtemps, car les concernés la prenaient toujours pour une timbrée, encore plus que d'habitude pour tout avouer. Et pourtant, cet après-midi-là, à quinze heures moins deux minutes d'après l'horloge qui se situait près du comptoir, elle continuait à le fixer, pour trouver quelque chose qui trahissait le petit cinéma de son interlocuteur. Elle attendait un indice qui lui indiquerait qu'il la faisait tourner en bourrique. Mais elle ne trouvait pas. Plus elle cherchait, plus elle pensait qu'elle n'avait plus rien à faire avec un individu pareil et qu'elle ne comprenait pas comment elle avait pu accepter si facilement une invitation.
      Pas d'objets, pas de crayons. Mais - mais des voix. Parfois, quand je ne suis pas sûr de la bonne chose à faire, j'entends quelqu'un qui me parle. Je ne sais pas ce que c'est et j'avais tendance à me dire que c'était un effet de mon imagination mais si tu vois des choses et si - et si tu peux les communiquer à ceux qui sont autour de toi, ça veut dire que peut-être -


    Il se mit à rire, ce qui la rendit encore plus perplexe. C'était certainement la voix divine qu'il entendait, il était probablement le nouveau messie d'une religion qui allait naître sous peu. Gemma fronça les sourcils. C'était un rire presque forcé qu'il avait. Tellement obligé que la demoiselle fut quasiment convaincue que le guide – ou l'employé, qu'importe – racontait des choses si réelles mais si surnaturelles qu'il se sentait pitoyablement fébrile. Puis il cessa. Cela étonna Gemma. Elle ne savait plus quoi croire, entre un rire exagéré et des paroles qui paraissaient si sincères qu'elles perdaient de leur valeur.
      Tu as dû souffrir. Moi, au moins, je suis avec toi.


    Elle haussa les sourcils.
      Au moment de la découverte, je veux dire.


    Un second silence.
      What good am I if I say foolish things, and I laugh in the face of what sorrow brings, and I just turn my back while you silently die, what good am I ?


    Gemma tourna la tête vers la rue, distraite, le regard vague. L'attention venait, puis repartait, comme un rêve éphémère. Elle n'attendait pas de réponse particulière de la part de son interlocuteur, puis continua, d'une voix lointaine.
      Je m'appelle Gemma.


    Une marque de confiance ?

      pas superbe la réponse, désolée.
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Nathaniel L. Prince

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MessageSujet: Re: when art meets craziness. - gemma -   when art meets craziness.   -  gemma  - EmptyLun 20 Avr - 12:27

    Elle répondit par les paroles d'une chanson. Nathaniel ne savait pas à quoi s'attendre et il ne s'était certainement pas attendu à cela ; cela intensifia sans doute la perplexité dans laquelle il était plongé. Quand elle lui donna son prénom, après plus d'une demie-heure passée ensemble, après qu'il lui ait avoué qu'il entendait des voix, après qu'elle ait partagé, sans le vouloir, une vision avec lui, le fit hausser un sourcil. Il dut prendre une immense bouffée d'air frais pour ne pas se lever et partir. Cette situation était dérisoire. Mais il fallait qu'il reste : cette fille était la seule qui possédait une faculté similaire à la sienne. Il ne pouvait pas se permettre de la laisser filer. Aussi étrange soit-elle. Il expira l'air qu'il avait aspiré, finit sa boisson, releva la main, hésita à commander une vodka pure mais se contenta finalement d'un thé vert. Peut-être que ça le calmerait autant qu'elle. Non, parce que ou bien elle cachait très, très bien son jeu, ou bien elle n'en avait absolument rien à faire de ce qu'il se produisait. Nathaniel se força à se calmer, à nouveau. Et son téléphone sonna.

    - Allô ? 'man ? Hmm ? Tu veux que je ramène quoi ? Deux briques de lait ? Mais pour quoi faire ? Un gâteau ? Ah, ça dépend. A quoi, le gâteau ? Bon, d'accord. Oui, d'accord, je t'ai dit, j'essaierai d'y penser. Moi aussi.

    Et il raccrocha. Sa mère l'appelait au milieu d'une conversation sur des pouvoirs surnaturels avec une inconnue dans le café du musée pour lui demander d'acheter des ingrédients pour un gâteau. Absolument normal, la routine. En tout cas, c'est cela qui l'aida à tout relativiser. Après l'expérience avec son père, après les retrouvailles avec sa mère, après les mensonges, après la vérité, après la séparation puis l'union reformée, pourquoi s'inquiéter de quelques petites visions et de deux ou trois petites voix ? Le thé vert arriva à cet instant précis, il en but une gorgée, se brûla, et ne parvint qu'à sourire.

    - Et moi, Nathaniel.

    Dix minutes après. Peut-être moins, mettons sept. N'empêche que ça lui avait pris sept minutes de voir que Gemma lui donnait son prénom et d'admettre que ce serait correct de sa part d'également donner le sien. Maintenant que c'était fait, il était libéré de toute obligation envers l'inconnue. Mais pas de toutes ses questions.

    - Ca t'arrive depuis longtemps ? Tes visions, j'veux dire. Moi, ça n'fait pas si longtemps que ça, c'est pour ça que je demande.
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Gemma B.S. Yoo

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MessageSujet: Re: when art meets craziness. - gemma -   when art meets craziness.   -  gemma  - EmptyLun 20 Avr - 16:36






    Elle patienta calmement en terminant son thé, qui avait quasiment refroidi. Il n'avait plus de goût. Elle décida donc de ne plus y toucher puis attendit, tandis que son interlocuteur commandait un thé vert – peut-être pour se sentir aussi « à part » qu'elle – et qu'il recevait un appel. De sa mère semblait-il. La jeune femme baissa les yeux vers son breuvage. Elle se sentait toujours mal-à-l'aise quand les situations avaient un lien avec les génitrices. Celle de Gems était loin à présent. Et pourtant, la demoiselle n'avait toujours pas tourné la page, contrairement à son père, qui semblait l'avoir facilement oublié. Ce détail l'énervait toujours. Comment délaisser une personne qu'il avait aimé de tout son cœur, comme il le prétendait ? Gemma, qui avait eu l'occasion de vivre d'Agathe Lily Wells Yoo que pendant huit courtes années. Elle avait tenté de faire plus ample connaissance pendant les années suivantes, mais comment faire avec quelqu'un qui ne répondrait plus jamais ? Et pourtant, elle n'arrivait pas à abandonner ainsi la tombe de sa mère. Elle aurait tellement aimé l'avoir encore à ses côtés – peut-être qu'elle n'aurait pas laissé tomber son père alors.
      Et moi, Nathaniel.


    Elle leva les yeux vers son interlocuteur puis l'observa soigneusement. Nathaniel. C'était un beau prénom. Elle n'avait jamais pensé à essayer de deviner le prénom du guide auparavant, et elle trouvait que Nathaniel lui allait très bien. Gemma ne s'attarda pas trop sur ces trois mots car Nathaniel se remit à parler.
      Ça t'arrive depuis longtemps ? Tes visions, j'veux dire. Moi, ça n'fait pas si longtemps que ça, c'est pour ça que je demande.


    Elle réfléchit. Si ça faisait longtemps ? C'était plutôt une habitude, mais c'était la première fois surtout qu'elle le voyait aussi bien. Elle l'avait imaginé, et pourtant, c'était étrange, Nathaniel l'avait aussi vu. Peut-être l'avait-il imaginé pour lui faire plaisir ?
      Non. Quelques mois. Mais c'est la première fois que je les vois aussi bien. J'arrive mieux à faire ça que de voir ces funambules qui se promènent.


    Elle se concentra sur la cuiller. Celle-ci trembla, et prit un peu de temps à quitter le sol. Défier la pesanteur n'était pas aussi aisé qu'on le prétendait. Puis soudainement, le couvert retomba, dans un bruit sourd. Que lui avait-il pris de faire une démonstration de son don surnaturel qu'elle n'osait pas montrer à quelqu'un d'autre qu'elle-même et qu'elle reniait entièrement ? A un inconnu qu'elle avait connu par le plus grand hasard ? Elle était folle, totalement folle, tout simplement.
      Je... Je suis désolée... Je... Tu n'as rien vu d'accord ? On ne s'est jamais connu, on ne se connaitra jamais. Et puis –


    Gemma se leva puis s'apprêta à partir, cherchant rapidement de la monnaie dans sa poche pour le thé.
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Nathaniel L. Prince

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MessageSujet: Re: when art meets craziness. - gemma -   when art meets craziness.   -  gemma  - EmptyMer 22 Avr - 16:05

    Rollin'.




    Le regard de Nathaniel sur Gemma se faisait de plus en plus perçant, de plus en plus intense. Il avait des attentes extraordinaires quant à cette jeune femme car il était la seule qui ne paraissait pas surprise quand il lui disait entendre des voix. Elle ne le prenait ni pour un menteur, ni pour un marginal ; elle avait simplement l'impression que ça leur faisait, indirectement, un point commun. Celui des dons spéciaux. Alors il la regardait comme un Messie, un sauveur venu tracer son chemin vers l'indépendance et le savoir, presque même vers le bonheur et l'immortalité. Rien qu'ça.


    - Non. Quelques mois. Mais c'est la première fois que je les vois aussi bien. J'arrive mieux à faire ça que de voir ces funambules qui se promènent.

    Ne comprenant pas de quoi elle parlait, il se dit qu'elle devait de nouveau s'égarer et confondre ses pensées et ses mots. Mais cette fois, ça n'était pas le cas. Il le comprit en percevant un mouvement de la cuillère. Il manqua de crier avant de relever la tête vers elle. C'était elle qui faisait cela. Ni un démon, ni un ange, simplement l'être humain assis en face d'elle, cette belle jeune femme si différente de toutes les autres. Mais sans doute, malgré l'admiration qu'il commençait à ressentir pour elle, y'avait-il encore sur son visage la marque d'une stupéfaction mêlée de l'horreur première. Peut-être que ce fut pour cela qu'elle se reprit aussitôt :

    - Je... Je suis désolée... Je... Tu n'as rien vu d'accord ? On ne s'est jamais connu, on ne se connaitra jamais. Et puis -

    Déjà, elle se levait. La main dans sa poche, elle cherchait à payer. Nathaniel se leva, prit le bras de la jeune femme dans sa propre main, l'immobilisant ainsi en silence. La serveuse, prenant cela pour une dispute amoureuse, surveillait la scène de loin mais sans encore intervenir. Il en profita pour sortir de l'argent de sa poche arrière, qu'il déposa sur la table - c'était suffisant pour régler ce qu'ils avaient pris et même plus. Il n'avait pas fini son thé mais peu importait. Il entraîna la jeune femme dans la salle où elle lui avait montré, sans le vouloir, le funambule. Là, il lui montra le tableau et, sans la lâcher des yeux, lui dit :

    - Tu ne comprends donc pas ? Je ne peux ni chercher à te dénoncer ni commencer à te voir comme quelqu'un qu'il faut exclure de la société en tant qu'être anormal. Je suis comme toi, Gemma. Sinon, comment expliquerais-tu que je suis le seul à qui tu aies réussi à communiquer ta vision ? Le seul.

    Sa gorge se serrait tandis qu'il prononçait ses mots, affirmant sa propre différence dans l'enceinte d'un lieu public à une fille qu'il connaissait peu. Mais tant pis, s'il voulait avoir la moindre chance de la revoir et ainsi de progressivement comprendre ce qui lui arrivait, il devait s'ouvrir à elle. Il sortit un morceau de papier de la même poche et demanda à Gemma, d'une voix à la fois ferme et suppliante, de ne pas bouger. Il fila jusqu'au bureau où il travaillait, prit un stylo, inscrivit des chiffres désordonnés les uns à la suite puis releva le regard. Elle était devant le bureau, le fixait. Il n'eut qu'à lui tendre le bout de papier. Ses derniers mots avant de la quitter :

    - Je ne te veux aucun mal. Mon numéro, c'est juste pour si - pour si tu as envie de partager ce dont tu es capable, et ce dont je suis capable - pour si tu as envie de le comprendre. Je ne veux pas te forcer. Ce sera ton choix.




    FIN POUR MOI.
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Gemma B.S. Yoo

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MessageSujet: Re: when art meets craziness. - gemma -   when art meets craziness.   -  gemma  - EmptyJeu 23 Avr - 15:32






    Elle s'était calmée comme une bourrasque de vent qui disparaissait. Gemma fixait longuement Nathaniel dans ses yeux bleus sombre, comme cerclés d'ombre. Elle y cherchait une explication, quelque chose qui lui indiquerait ce qu'il allait faire, ce qu'il pensait. Elle restait immobile, ne cillait pas, attendait – depuis longtemps l'attente était devenue une compagne familière. Elle le sondait, cherchait dans son regard un éclat qui lui indiquerait quelque chose, qui pourrait la renseigner. Rien. Nada. Nothing. Et elle pouvait encore continuer, dans encore une dizaine de langues. Malgré cela, elle restait totalement perplexe. Et elle le fut encore plus quand il l'emmena vers la salle au tableau blanc. Il n'y avait plus rien dessus. Il n'y aurait certainement plus rien d'ailleurs.
      Tu ne comprends donc pas ? Je ne peux ni chercher à te dénoncer ni commencer à te voir comme quelqu'un qu'il faut exclure de la société en tant qu'être anormal. Je suis comme toi, Gemma. Sinon, comment expliquerais-tu que je suis le seul à qui tu aies réussi à communiquer ta vision ? Le seul.


    Elle fit une moue et restait penaude. Puis Nathaniel disparut. Où allait-il ? Elle l'ignorait, mais il n'allait certainement pas partir ainsi, pas après ces paroles. Gemma le suivit donc et se retrouva devant un bureau, dans lequel elle entra discrètement. Il y avait des piles impressionnantes de papiers, parfois vierges, parfois griffonnés d'une petite écriture maladroite. Et en face d'elle, Nathaniel faisait valser son stylo, sur un petit morceau de papier. Puis il le lui tendit. Gemma lut ce qu'il y avait dessus. Un joli petit numéro.
      Je ne te veux aucun mal. Mon numéro, c'est juste pour si - pour si tu as envie de partager ce dont tu es capable, et ce dont je suis capable - pour si tu as envie de le comprendre. Je ne veux pas te forcer. Ce sera ton choix.


    Elle ne s'attarda pas dessus. Gemma sourit à Nathaniel – en guise de remerciement certainement, puis partit. Elle ne revint plus au musée depuis ce jour-là, comme si le funambule l'avait effrayé.



    the end
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