THE 7 DEADLY SINS
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 Playful spaces [Lacey]

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Amador Abt Steinmetz

Amador Abt Steinmetz


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MessageSujet: Playful spaces [Lacey]   Playful spaces [Lacey] EmptyVen 24 Avr - 23:39

Playful spaces by Bruno Taylor



Il est tôt. Tellement tôt que c’est encore la nuit, mais le juge n’avait pas envie de rentrer chez lui. Parce que chez lui, personne ne l’attend. Alors il est resté tard, face à ses dossiers, et a travaillé. Travaillé toute la nuit. Des cernes creusent son fin visage et ses cheveux blonds en bataille ainsi que ses épaules courbée par la fatigue donnent une impression d’homme diminué. Exténué. Il a raté le dernier métro et un voyou a percé les roues de sa bagnole. Elle n’a pas été taguée ou volée, c’est déjà ça. Il faudra attendre demain, huit heures, avant qu’un garage puisse venir. Alors il marche au travers de la rue, titubant sous le poids incommodant de la fatigue. Il a froid, très froid, en cette nuit printanière. Ses ongles sont bleus de froid. Alors il met ses gants, geste machinal qu’il a. Des gants en cuir souple qui ne le réchauffent que peu. Quelques rares voitures passent, mais aucune ne s’arrête et ses yeux bouffis de sommeil tout doucement se ferment. Un endroit pour s’asseoir serait le bienvenu, mais il n'en trouve pas. Juste le trottoir, le long trottoir… Puis là, devant lui, un arrêt de bus. Un vieil arrêt de bus qui tient encore debout. Une œuvre d’art de Bruno Taylor. Une balançoire sert d’unique siège. Le juge s’en approche, et pose sa serviette contre la vitrine publicitaire. Il n’y a pas de lumière, tout est silencieux et plongé dans l’ombre de la nuit. Il tire timidement sur les chaînes de la balançoire, encore solidement fixée après toutes ces années. C’est qu’elle a été bien entretenue, cette balançoire. Avant d’être abandonnée, comme toutes les œuvres d’arts de Londres.

Amador finit donc par s’asseoir sur cette sordide balançoire, et timidement se balança. Elle grinçait, comme si elle souffrait, devant supporter le poids de cet individu et de son malheur. Il avait l’impression de retomber en enfance. Comment allaient ses enfants ? Il ne les avait pas vu, depuis le divorce. Le juge resserra les pans de son manteau contre lui et se plia en deux, nez face au bitume. Dans quelques heures, le service des bus reprendra et il pourra rentrer chez lui ; Avait-il assez de monnaie pour s’acheter un ticket au moins ? Rapidement il fouilla le fond de ses poches et y trouva quelques centimes. Pas assez. Bah, tant pis, dans cette ville, qui payait encore ses tickets de bus ? Le froid aidant, le sommeil se fit de plus en plus pressant. Brixton bailla, s’étira, regarda sa montre. Trois heures vingt… Un lampadaire au loin éclairait un morceau de trottoir. S’aidant du peu de lumière qu’il diffusait, Brixton tenta de se repérer. Ses pas l’avaient conduits on ne sait où, et son cerveau, fonctionnant au ralenti ne pouvaient situer où il était véritablement. Pas loin du tribunal, certes… Mais où, exactement ? L’homme renifla bruyamment, oubliant parfois l’élégance qu’il adoptait devant les journalistes et les accusés. Dans un cadre privé, le magistrat était bien loin d’être quelqu’un d’une grande distinction. Elevé à la dure, il aimait manger avec les doigts, ponctuer ses phrases d’injures et gober des flans avec ses enfants. Il mangerait bien du flan, tiens…

Un vent frais s’engouffra dans l’abribus, faisant voler les pans de son lourd manteau et rentrer sa mignonne tête dans le col de sa veste. De nouveau il bailla, bruyamment. Sa gorge lui faisait un peu mal, Brixton avait oublié de mettre son écharpe. Son système immunitaire était aussi étanche qu’une passoire, et ses arrêts maladie nombreux. Et cette migraine ! L’air léger de la nuit et le calme environnant la rendait supportable, mais en pleine journée cela devenait intolérable, ce qui expliquait ses accès de colère. Et son groupe sanguin… pourquoi donc étais-ce lié au groupe sanguin ? L’homme, en une grimace, cracha par terre. Son activité favorite, quand il était plus jeune et que toujours sa gorge et son nez étaient encombrés. Toujours rien ne se passa. Ah, si il était maire, il ferait que les bus passent pendant toute la nuit ! Se balançant toujours lentement, ruminant sa haine des voyous qui plantent leurs couteaux dans la roue des voitures et contre les bus qui surgissent pas quand on a véritablement besoin d’eux ! Et impossibilité d’appeler quiconque, cela ne se fait pas à une heure pareille… La politesse avant lui. Si sa femme était restée auprès de lui, certainement se serait-elle inquiétée de ne pas le voir arriver et serait venue le chercher, l’aurait appelé… Mais si elle était toujours là, il serait rentré bien plus tôt, à l’heure où les bus passent encore. Le juge sentit grimper à lui la froide colère, sourde et atroce. Mais n’ayant personne contre qui la déverser, elle se transforma en une lancinante mélancolie. Ses lèvres à présent étaient aussi bleuies par le froid que ses ongles. Il renifla. Mais ce n’était pas parce qu’il était malade, cette fois.

Brixton pleurait de rage et d’impuissance.
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Lacey Poppelwell
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MessageSujet: Re: Playful spaces [Lacey]   Playful spaces [Lacey] EmptyLun 27 Avr - 1:04

    Lacey était sur le chemin du retour - enfin, jusqu'à ce qu'elle en ait assez et se laisse tomber dans un coin. Elle était complètement crevée, comme à son habitude: elle avait passé la première partie de la soirée dans un parc à fumer - elle ne savait plus trop quoi - avant de finir en boîte - elle ne savait même pas où - en compagnie de Jess et d'Irwyn. La première avait foncé au bar et la seconde s'était tout de suite approchée des éphèbes du lieu comme un missile à tête chercheuse. Lacey avait dansé un moment, puis s'était assise sur une banquette, l'ennui aidant. Les lumières lui avaient donné mal au crâne, et elle s'était levée pour aller retrouver Jesminder au bar; laquelle était déjà ronde comme une queue de pelle. Lacey lui avait filé un coup de main pour finir ses cocktails, puis elles étaient sorties de boîte en suivant deux mecs à l'air sympathiques. La soirée aurait bien pu se terminer si Jess n'avait vomi partout avant de monter dans le taxi puis perdu connaissance en pleine course... Au final, les deux mecs, franchement refroidis, les avaient lâchées toutes les deux devant l'hôpital, où Lacey avait traîné une Jesminder complètement torchée avant de repartir à pied, seule, dans le froid.

    Elle haïssait profondément le froid nocturne, même si elle avait pris soin d'emmener une veste un cuir pour lui tenir chaud. En plus, ses talons hauts lui couvraient nettement moins les pieds et les chevilles qu'une bonne vieille paire de Docs. Mais comme elle avait déjà prévu d'aller en boîte en partant... D'ailleurs, à ce sujet...
    Lacey glissa la main dans la poche droite de sa veste en cuir pour vérifier si ce qu'elle avait emporté y était encore. Oui. Un petit sachet étanche avec trois cachets dedans. C'était bête, elle l'avait emporté pour les prendre avec Irwyn et Jess dans la soirée... Seulement, elle en avait abandonné une en boîte, et l'autre dans le hall de l'hôpital. Mais après tout, elles étaient toutes les deux de grandes filles et savaient se débrouiller un lendemain de cuite ou de grande fête, alors ça n'était pas vraiment la peine de s'inquiéter pour elles. Non, le seul truc dommage, c'était bel et bien que Lacey se retrouvait avec ces trois cachets qu'elle ne prendrait encore pas avant la prochaine fête, et qu'elle avait encore acheté pour rien. Elle aurait pu les prendre, là, maintenant, mais elle n'était pas non plus idiote; déjà, se défoncer seule, c'est nettement moins amusant, mais en plus, elle préférait éviter de prendre trois cachets du même truc pile en même temps. Lacey avait envie de s'amuser, pas de se suicider. Elle poussa un profond soupir. Tout ça était terriblement ennuyeux. Si seulement Jess avait attendu d'être chez son hôte du soir pour être malade...!

    Elle shoota machinalement dans une bouteille en verre qui traînait sur la chaussée, oubliant ses talons. Au final, après quelques centaines de mètres, Lacey se déchaussa carrément, et noua les liens de ses chaussures autour de son poignet, pour ne pas les perdre même si par hasard elle perdait le contrôle. Sa migraine ne la lâchait pas. Elle détestait ça. Être affaiblie par cette douleur sourde et pénible lui donnait envie de se laisser aller, de se pelotonner dans un coin pour y dormir, ou de faire un caprice pour exiger toujours plus de ceci ou de cela, selon sa lubie du moment. A cet instant précis, elle se serait volontiers couchée là, par terre, au milieu du trottoir, pour y dormir; mais elle n'avait pas spécialement envie de se faire agresser. Il lui fallait un endroit sûr pour se reposer. Elle ne pouvait s'asseoir nulle part; tout était terriblement crasseux, quand ce n'était pas jonché de déchets. La seule solution qu'elle voyait, c'était de trouver un abribus pour s'asseoir un moment et récupérer une heure ou deux. Ensuite, quand l'heure serait décente, elle pourrait passer des coups de fil pour voir qui aurait envie de venir la chercher, ou alors prendre un bus ou un métro...

    Le premier abribus qu'elle rencontra était plutôt étrange, mais comme n'importe lequel, il avait un siège. Malheureusement, celui-ci était déjà occupé.
    Un type dont elle ne distinguait dans la nuit que les cheveux d'un blond presque blanc était assis sur l'espèce de balançoire qui faisait office de siège. Discrètement, elle s'approcha; il n'avait pas l'air franchement menaçant, et guère plus grand qu'elle - ceci dit, il était assis, peut-être évaluait-elle mal les choses. Finalement, ses jambes douloureuses la poussèrent à agir; la jeune fille tendit la main pour tapoter l'épaule de l'homme et le forcer à se retourner.

    - Eh... Eh! Tu voudrais pas te lever un instant, s'il te plaît? Je suis crevée, j'aimerais m'asseoir un peu, et partout ailleurs c'est carrément cradingue...


    Elle ponctua sa requête en penchant légèrement sa tête du le côté, pour se donner l'air un peu plus innocente et cruche qu'elle ne l'était.
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Amador Abt Steinmetz

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MessageSujet: Re: Playful spaces [Lacey]   Playful spaces [Lacey] EmptyLun 27 Avr - 2:17

Le juge, perdu dans ses pensées, n’entendit pas la demoiselle claudicante s’approcher de lui. Quand sa main tapa sur son épaule, l’homme sursauta, ce qui fit cliqueter les chaînes de la balançoire sur laquelle il était juché. Se retournant promptement, sans prendre le temps d’essuyer les larmes qui coulaient sur son long visage il contempla la demoiselle, l’air hagard, se tenant derrière lui. Sa tête penchée sur le côté et ses grands yeux –aux pupilles explosées, certes- auraient pu le faire sourire si il ne s’était pas senti attaqué. Un instant il avait cru contempler la silhouette longiligne de son ex-épouse. Mais certainement étais-ce la fatigue et le fait que ce soit une femme. Cela aurait pu en être une autre que, en ce moment de détresse, il l’aurait raccroché à quelque chose qu’il connaît. Sa femme. La requête de la jeune fille, quant à elle, était inadmissible pour le juge. Premier arrivé, premier servi ! Et surtout, demander sur un tel ton un service à Brixton… Ses yeux, arrondis par la colère, brillants de tristesse la fixèrent un moment, avant que de sa voix forte aux accents slaves il ne lui réponde.

« Mais vous vous êtes vue ? Asseyez vous par terre, vous êtes aussi sale que le sol, cela ne vous fera pas de mal ! »

Il ne criait pas, mais on sentait dans son ton toute la hargne et la rage qui l’abritaient. Elle passait au mauvais moment, celle-là. Brixton, d’habitude si galant, ne cédait pas sa place à une femme, tout aussi dévergondée qu’elle était ? C’est qu’elle sentait l’alcool, ne semblait plus très fraîche. Et que, bien qu’il désirait une compagnie, ce n’était pas à celle-ci qu’il s’attendait. Brixton, bien qu’il côtoyait toujours les bas quartiers, ne côtoyait pas la jeunesse insouciante et, il fallait l’avouer, cela lui faisait peur. Toute sa vie le juge avait travaillé et n’avait jamais pensé à s’amuser. Ou si peu. Ce n’était pas un rigolo, lui. Le blond, qui s’était de nouveau détourné de la pauvrette, posa ses mains gantées sur les chaînes de la balançoire et posa ses pieds à terre. Enfin, la pointe de ses pieds, vu sa taille. Il campait résolument sur cet attractif siège et par sa position montrait qu’il n’en bougerait pas.

« Et à un juge, on ne dit pas « tu », on dit « vous ». »

Simple règle de politesse qui pesait tant sur lui. Enfermé dans sa supériorité et toujours la réclamant, même auprès d’une demoiselle au taux d’alcoolémie élevé et qui n’en avait certainement rien à faire. Peut-être ne l’avait-elle pas reconnu ou, tout simplement, ne l’avait jamais vu. Tout était possible, dans cette ville. Il se tenait étrangement droit mais sa tête était baissée en avant, comme pour fuir le regard de la demoiselle qu’il sentait, toujours debout derrière elle. Drôle de tableau que ces deux là ! Le juge, à peine quarante trois ans et pourtant déjà si vieux, derrière lequel se tenait une divine compagnie, qu’il ne savait apprécier. N’importe quel homme normalement constitué aurait, avec un sourire, donné sa place à une si ravissante demoiselle… Sa crinière chocolat, entourant son visage magnifique aurait du avoir raison de Brixton. Mais ce n’était pas un homme, lui. C’était un juge. Un juge qui, si il n’aime pas la justice comme il le devrait, aime la politesse et qu’on le flatte. Sans se retourner, Amador reprit la parole.

« Reformulez votre phrase de sorte qu’elle me plaise, et je vous laisserai peut-être la place. »

Son ton était pincé, et on y sentait toujours la colère. Mais pointait aussi l’orgueil, et le jeu. Il doutait qu’elle comprenne ce qu’il veuille, vu l’était où elle était et tout ce qu’il voulait, c’est qu’elle se trompe, pour pouvoir exploser de colère, la pousser un peu, lui mettre une gifle, crier fort, lui reprocher d’être bête, idiote. Cela lui ferait tant de bien… Ce n’était qu’une inconnue qu’il ne recroiserait plus jamais plus, alors autant se faire plaisir ! Brixton savait qu’il ne pouvait se défouler directement sur ses proches. Sur sa femme. Plus maintenant, alors que tous les yeux étaient rivés sur lui, en attente d’un mot malheureux qui lui échapperait, d’un geste damné. Quelque chose qui trahira son groupe sanguin, qui montrera qu’il n’est plus apte. Plus apte à être tyran. Ils n’attendaient que ça, tous. Le mettre à terre en brandissant l’arme qu’était devenue son sang. Avoir peur de son propre sang, n’étais-ce pas atroce ? Comme cette migraine qui chaque jour le mettait un peu plus par terre.
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Lacey Poppelwell
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MessageSujet: Re: Playful spaces [Lacey]   Playful spaces [Lacey] EmptyMar 28 Avr - 22:57

    Malgré la nuit, Lacey avait été surprise par le visage du juge. Ses cheveux presque blancs tranchaient avec sa veste noire, mais son visage était pâle, très pâle, et émacié, aux traits tirés. Les ombres de la nuit tombées sur son visage lui donnaient un air franchement inquiétant; il avait l'air d'un fou. La jeune fille étudia longuement son visage à demi-caché dans l'ombre; elle aimait beaucoup examiner les visages des gens. Cela les mettait mal à l'aise, et elle se demandait pendant ce temps si oui ou non elle était plus belle qu'eux. Souvent, c'était le cas. Cependant, le visage de cet homme était vraiment intéressant; elle se demanda si le rictus qui lui tordait momentanément les traits était conscient ou non. Probablement pas. Mais sans cela, elle supposait qu'il devait avoir une figure agréable à regarder, avec son regard perçant et décidé. Lacey était si près de lui qu'elle pouvait voir les vaisseaux de ses yeux complètement dilatés, ses joues mouillées de larmes qu'il n'avait même pas daigné essuyer. Un court instant, elle eut l'idée de chercher dans ses poches un mouchoir, mais se ravisa presque immédiatement; de toute façon, quoi qu'elle fasse elle se ferait remballer, alors autant sauver sa gentillesse. Et puis, elle avait simplement la flemme de vérifier ses poches.

    Silencieusement, elle resta bien droite, le regard baissé vers les yeux levés du juge. Il était hors de question qu'elle avance encore; il était tard - ou tôt, selon le point de vue que l'on choisissait - et ce n'était certainement pas l'heure de traverser toute la ville puis la banlieue pour rentrer chez elle. Un taxi était hors de question, elle n'avait pas assez d'argent sur elle; le métro ne passait pas la nuit, et pour les bus, elle n'en avait pas vu depuis celui entraperçu en sortant de boîte. La seule solution envisageable, tactique dont elle était devenue l'experte, consistait à s'asseoir dans un coin qui ne craignait pas trop et attendre le lever du jour. Et elle préférait largement squatter aux côtés d'un type qui se disait juge plutôt que chez les paumés de Camden Town... Et puis, ce bonhomme avait l'air du genre teigneux. Si jamais il se retournait contre elle, elle n'aurait qu'à partir, mais il avait l'air aussi prêt de l'explosion qu'un bouchon de champagne dont on aurait secoué la bouteille; si un zonard venait les ennuyer, cela ne faisait pratiquement aucun doute qu'il finirait avec le poing du gars tatoué sur la figure. Et puis, vu la façon dont il s'était adressé à elle, ça n'était probablement pas un pervers, et les risques qu'il lui saute dessus étaient minimes. En plus, il avait au moins deux fois son âge, si la lumière n'était pas trompeuse. Fallait quand même pas exagérer.

    Le frisson qui lui parcourut l'échine lui rappela le froid nocturne qui l'entourait. Elle fit involontairement siffler de l'air entre ses dents, et se frotta les bras. Elle préférait ne pas taper des pieds sur le sol; elle avait eu suffisamment de mal à trouver l'exact endroit sous l'abribus qui n'était ni ostensiblement sale ni jonché de débris de verre. Elle tenait toujours ses talons hauts à la main; un instant, elle songea à les poser par terre, mais on ne savait jamais, peut-être aurait-elle à partir en courant ou quelque chose comme ça, et mieux valait les garder à portée de main. Elle se contenta de soupirer légèrement, de hausser les épaules, et se décala légèrement pour s'adosser à la surface solide la plus proche.

    Lacey jeta un regard neutre au juge, campé sur sa balançoire, et le pointa légèrement du doigt:

    - Vous avez l'air malin, là, monsieur le juge.

    Elle laissa quelques instant s'écouler lentement, écoutant paisiblement les bruits de la nuit londonienne, prenant son temps. Finalement, elle tourna à nouveau la tête vers l'homme, et déclara:

    - Je suis crevée. La rue est à tout le monde, alors je vais attendre ici que le jour se lève.

    Elle ne chercha même pas à développer, et laissa tout son poids porter sur le panneau publicitaire; au pire, elle se ferait jeter et aurait quelques mètres de plus à faire, au mieux, elle avait un compagnon d'infortune pour attendre le lever du soleil.
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Amador Abt Steinmetz

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MessageSujet: Re: Playful spaces [Lacey]   Playful spaces [Lacey] EmptyMer 29 Avr - 14:20

Ah non, ce n’est pas ce qu’il attendait. Certes, il y avait la politesse, mais une note d’ironie qui déplût à son oreille. Le juge, plus alerte que Cerbère planta ses yeux sombres dans ceux de la jeune femme, appuyée contre les murs de l’abribus branlant. Elle ne le regardait pas. Et ne le connaissait certainement pas, où était sacrément culottée. Brixton, dans son sursaut de colère, s’était levé de la balançoire. Et se rendit compte qu’il était à peine plus grand que la demoiselle. Mais déjà qu’elle lui paraissait petite, alors lui n’était certainement pas un géant. Une femme pour lui, ne devait pas arriver au-dessus de l’épaule d’un homme. Machiste ? Non, à peine. Pourquoi devait-il être si petit ? Se rendant compte qu’il avait l’air bien moins idiot assis que debout, Brixton retourna illico sur la balançoire. La plupart des gens ne se rendaient pas compte que la taille du blond était inférieure à la moyenne. C’est vrai que caché derrière son bureau, on ne remarquait rien. Mais lui le savait, et complexait. Pourquoi n’apparaissait-il jamais aux côtés d’autres avocats, juges, magistrats ? Ou pourquoi, si il avait de la compagnie sur les pages des journaux et magazines, coupait-on ses pieds ? Tout simplement pour ne pas montrer à la vue de tous que sur la plupart des clichés, le juge Brixton se tenait sur la pointe des pieds. Et tous les journaux se souvenaient d’un photographe qui avait osé publier une photo de lui, montrant clairement qu’il faisait la danseuse étoile à côté de son associé. Le photographe avait été sévèrement jugé et envoyé en prison pour consommation de produits illicites. On ne s’en prend pas à la taille de Brixton. C’est un tabou.

L’inconnue au regard égaré reprit la parole, brisant le mutisme dans lequel tous deux s’étaient enfermés. C’est que le moyen de faire taire le juge, c’est de le toiser de la tête aux pieds et de rire. Ce qu’elle avait fait en quelque sorte, en braquant son doigt inquisiteur sur lui et signalant qu’il avait l’air malin, avec ses petites jambes. C’est du moins ce qu’il avait compris. Attendre ici que le jour se lève, à côté de cette enfant de tous les diables qui avait osé l’insulter ? Si elle avait un instant brisé sa colère pour l’enfoncer dans l’humiliation, sa méchanceté refit timidement surface, bien que le juge soit encore gêné d’avoir été ainsi mit à terre. Par une espèce d’idiote qui sentait la sueur, l’alcool et il ne savait quoi encore.

« Hors de question, vous êtes dans mon espace vital. »

Il croisa les bras sur sa poitrine, sans oser la regarder. C’était son abri, elle n’avait qu’à s’en trouver un autre ! Et qu’est-ce qu’il avait froid, comment supportait-elle cela ? Qu’avait elle prit pour à peine frissonner alors que lui grelottait avec son lourd manteau ? Un russe, hein. Il n’aurait pas fait long feu dans la toundra, lui. Il éternua et frémit de nouveau. Le temps passait trop lentement. Ah, si au moins il avait quelque chose pour se réchauffer. Un bon verre de whisky, un radiateur électrique ou une bonne couette, tout simplement ! Brixton se risqua à jeter un regard à la demoiselle qui restait à ses côtés, et reprit la parole, mué par un désir de chaleur, même si il était contenu dans un flot de paroles humaines. Quoi que avec lui, leur chaleur tenait juste au fait que sa bouche soit un four où étaient forgés les phrases de la haine, de la répugnance grâce au marteau de la colère.

« Mais vous avez prit quoi pour ne pas encore être transformée en glaçon par ce temps ? »

Pour illustrer ses dires, il claqua des dents et enfonça son menton dans le col de son manteau, doublé de fourrure. On ne voyait plus que ses cheveux blonds, presque aussi blancs que sa peau diaphragme. Un coup de vent s’engouffra dans l’abribus ce qui le raidit encore plus. Bon sang, vivement le matin, qu’il puisse appeler quelqu’un ! Mais qu’allait-il faire en attendant ? Discuter dînette et poupées avec la gamine à ses côtés ? Ce n’était pas son genre. Ah, si il savait où ils étaient, peut-être pourrait-il se déplacer jusqu’à un bordel sous la tutelle d’un ami ou on ne sait quoi encore.

« Vous savez où on est ? »

Sa voix s’était fait timide, douce, quoi que toujours aussi grave et tortueuse, avec cet accent qui en avait fait frémir plus d’une, et plus d’un. Prononcer une peine avec une telle voix, c’était faire frissonner l’assemblée. Accompagnant ses paroles, son regard s’était tourné vers le visage fin de l’oiseau de nuit. Elle était belle, toute jeune. Une jeunesse décadente. Mais lui aussi était jeune. Voilà que Brixton se traitait tout seul de vieux.
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